LE GENRE DANS LES ORGANISATIONS PAYSANNES AFRICAINES :
Comment l’appliquer sans gêner ?
Résumé
Comment renforcer les Organisations Paysannes (OP) africaines et celles de la zone sahélienne en particulier en améliorant en leur sein la pratique du genre? Tel est le but de l’ate¬lier régional qui s’est tenu à Maroua au Nord du Cameroun du 20 au 24 Novembre 2000 sur le thème “le Genre dans les OP africaines: com¬ment l’appliquer sans gêner?”.
Organisée par le SAILD (Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement) avec l’appui financier de ICCO-Hollande (Organisation Inter-Églises de Coopération), cette rencontre a regroupé 37 participants venus des OP et OA (organisme d’appui) de 5 pays : le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Bénin et le Cameroun. La salle de réunion du CDD de Maroua a abrité les travaux et a permis de:
échanger et analyser les expériences sur l’intégration et le vécue du genre par les OP dans leur évolution quotidienne, notamment les stratégies, les succès et les facteurs de blocage
dégager les actions à privilégier par les OP et/ou les OA, c’est à dire des pistes et des stratégies de l’approche genre dans leur processus de développement.
Les participants se sont d’abord accordés sur une signification concrète du genre pour/dans une OP, à savoir: “le genre est une approche d’analyse et d’action visant l’implication, à tous les niveaux, des femmes et des hommes de façon égale, dans une action qui les concernent tous”. Il demeure vrai que ce concept est à adapter selon le contexte. Ce d’autant plus que dans la zone sahélienne, les OP sont marquées par la pesanteur des valeurs culturelles et religieuses qui exercent une influen¬ce répressive à l’épanouissement de la femme. Cela met en exergue toute la problématique du thème de l’atelier.
Des quatre études de cas (tirés des contribu¬tions écrites envoyés par les participants) trai¬tés pendant les travaux et de la descente sur le terrain dans une union de groupements à Djougui dans le Mayo Louti, où les séminaris¬tes sont allés en observation participative à une réunion de relance des activités de cette OP, les participants ont eu à revivre la problématique du genre dans les OP de la zone sahélienne autour des enjeux de l’accès et le contrôle des ressources, la répartition équitable des rôles et tâches, l’élimination des discriminations, le partage des bénéfices des efforts communautai¬res, l’accès à l’information, à la formation et à l’éducation.
Les travaux de groupes ont eu à traiter :
des actions concrètes à mettre en œuvre pour réussir la prise en compte du genre dans la vie d’une OP en insistant sur les chan¬gements visés au niveau de condition des fem¬mes, de la situation de la femme, des besoins stratégiques et des besoins pratiques des fem¬mes.
Il s’en est dégagé que la question du genre est approchée différemment par les OP et les OA. Il serait souhaitable de l’aborder à partir des besoins pratiques actuels pour aboutir aux besoins stratégiques.
Les OA n’ont commencé à travailler sur le genre qu’en écho et à la suite des bailleurs de fonds. Les OP quant à elles pour la plupart, ne parlent du genre qu’en écho et à la suite des OA. D’où la nécessité d’un automonitoring conscient du processus d’intégration au sein des OP et à la réflexion sur une démarche d’accompagnement par les OA.
Quels sont les critères/indicateurs d’appréciation de l’avancée d’une OP vis-à-vis du genre au niveau des textes et règles de fonc¬tionnement? Au niveau des activités de l’OP ?
Des pistes ont été proposées au niveau du choix des responsables, de la structuration, du mode de scrutin dans les votes, dans la tenue de réunions, dans le mode de communication, le mode de sanction, le mode répartition des fruits, la gestion transparente et autres
Quelle démarche d’accompagnement de la prise en compte du genre au sein des OP? Des actions concrètes à mener aux différentes étapes de l’activité (choix de l’activité, concep¬tion de l’activité, conduite de l’activité, réalisa¬tion de l’activité.
A l’issue des travaux, les résolutions suivantes ont été prises:
les OA dans leurs actions doivent recourir à une approche sensible au genre dans l’appui à la mise en place des organisations rurales. Ainsi cela favorisera une évolution qualitative du statut des femmes dans la socié¬té.
que les moyens mis à la disposition des OP par les OA soient viables et adaptées aux réalités quotidiennes, c’est-à-dire qui tien¬nent compte de l’application du genre selon chaque contexte.
que les participants se retrouvent après un certain temps pour évaluer l’évolution de l’intégration du genre dans les actions des OP/OA.
que les participants gardent le contact entre eux pour échanger les expériences pra¬tiques de terrain.